Note sur Jean Claude Nicolas Forestier


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Projet du Paseo del Prado

Un nénuphar porte son nom, plusieurs villes le rappellent, Jean Claude Nicolas Forestier a vécu pour honorer un concept de beauté.

Architecte paysagiste français, Forestier est né le 9 janvier de 1861 à Aix-les-Bains et il est mort à Paris à la suite d'une opération chirurgicale, le 26 octobre 1930. Pour le reconnaître avec des mots simples, nous recourons à sa propre définition : « Je suis un vrai homme des villes. J'aime l'air libre et les jardins ».  En effet, Forestier dominait les détails de la flore, l'utilité des espèces.

Après ses études polytechniques et de sciences politiques entre 1880 et 1882, il a complété sa formation dans l'École Forestière de Nancy. En 1887 il a obtenu la nomination de conservateur des Parcs et des Jardins de Paris, un travail qu'il a maintenu jusqu'à sa retraite, quarante ans plus tard. Il a dédié toute sa création à la spécialité d'architecte paysagiste, réunissant ses connaissances dans le livre Grandes villes et système de parcs, publié en 1908. Au début du XXe siècle il a pris part à la fondation de la Société française des architectes et urbanistes. Il a développé ses théories hors de France ; par exemple, il a travaillé au Maroc (1913), en Espagne (1915, 1929), en Argentine et à Cuba (1923-1930). Parmi les prix et les décorations reçus se trouvent le Grand Prix à l'Exposition Internationale de Barcelone en 1929. Trois ans auparavant il avait reçu le grade d'officier de la Légion d'honneur à Paris et commandeur du Mérite civil en Espagne ; en 1925, il a travaillé comme Inspecteur des Jardins pour l'Exposition International des Arts Décoratifs et sur les projets urbains des Amériques.

Selon les spécialistes, Forestier s'est souligné parmi les urbanistes de la période de l'entre-guerre pour son concept urbain opposé au fonctionnalisme du mouvement moderne dirigé par Le Corbusier et les Congrès Internationaux d'Architecture Moderne, commencés en 1928. Ainsi, il est considéré comme le suiveur de la ligne de Georges Eugène Haussmann et Jean-Charles Alphand.

Haussmann, député et sénateur français d'origine allemande, a reçu le titre de l'empereur Napoléon III (1852-1870), avec lequel il a travaillé à la rénovation de Paris. Ses propositions ont eu une grande influence dans le plan d'aménagement urbain du reste de l'Europe, de l'Amérique Latine et des colonies françaises d'outre-mer. Il a remodelé le tracé de Paris en démolissant des grands secteurs de la ville médiévale. Ses éléments prépondérants ont été de longs et larges boulevards articulés au moyen de places circulaires. À partir de son intervention, la capitale française a offert des perspectives comme celle de l'Opéra ou celle de l'Arc de Triomphe de L’Étoile. Les contemporains ont baptisé son œuvre comme l'opération d'embellissement stratégique. Une partie de son objectif était d'empêcher pour toujours l'élaboration des barricades ouvrières à cause de la largeur des rues et l'union rapide entre les casernes et les quartiers ouvriers. Pour sa part, Alphand, ingénieur de nationalité française, a participé à la rénovation de Paris dirigée par le baron Haussman afin de transformer en zones récréatives et en parcs les bois de Boulogne et de Vincennes, le tracé des parterres des Champs-Élysées et du Parc Monceau. Il a brillamment conclu sa carrière en dirigeant l'Exposition de 1889 de Paris, ayant donné lieu à la construction de la Tour Eiffel.

 Une autre des influences, pour les connaisseurs, visibles dans les projets de Forestier, sont les idées du Nord-américain Frederick Law Olmsted, architecte paysagiste de Central Park et du Prospect Parcs, les deux à New-York.

Paris montre, fière de Forestier, les jardins du Champ de Mars ; Séville, les jardins de María Luisa et, à La Havane, son œuvre subsiste encore. Invité par le ministre des Œuvres Publiques Carlos Miguel de Céspedes, Forestier est venu à La Havane en 1925, 1928 et 1930 pour commencer sa collaboration dans le Projet du Plan Régulateur de La Havane et de ses Alentours. Ses propositions pour établir la vision totalisatrice de la ville, imbriquée dans les buts constructifs du gouvernement de Gerardo Machado, ont constitué un élément de développement urbain :

 De janvier 1925 à février 1926 : étude du plan général de La Havane ; projet du Paseo del Prado, y compris les réverbères et les bancs ; la nouvelle Avenue du Port ; le débarcadère sur la Place du Palais Présidentiel et l'Avenue de las Misiones ; les plans de la Place de la Loma de los Catalanes ; le projet du Parc del Maine sur le Malecon ; l'avenue d'union avec la Colline Universitaire ; la réforme pour le Parc Central.

 En décembre 1928 : il a conclu l'étude du plan général de La Havane, la réforme du Paseo de Martí en face du Capitole ; la Place de la Fraternidad ; la restauration de la Place de la Cathédrale, les futurs édifices de l'Avenue du Port ; l'Avenue de las Misiones ; le projet du perron du Château del Príncipe ; les farallones de la rue G ; les jardins et les terrasses à l'entrée de l'Université, son perron et l'avenue de la partie arrière.

 De janvier à mars 1930, il a réalisé des études spéciales pour la Place du Capitole ; le mobilier lié à son perron : les bâtiments qui encadrent cette place ; le Théâtre National et la Bibliothèque ; le Monument à Maceo dans la Cacahual ; le placement du Monument à Máximo Gómez ; l'ouverture de la rue Teniente Rey.

Ainsi énumérés, cela pourrait paraître beaucoup de projets en seulement quelques mois de travail. Forestier a compté, évidemment, une grande équipe d'architectes français et cubains. Ils ont dû surmonter le tracé irrégulier et fragmenté de la capitale, l'éclectisme du Vedado et de Miramar et, à la fois, ils ont créé le système des parcs et des jardins avec la plantation d'espèces cubaines, ils ont valorisé le littoral côtier, le développement touristique de la ville, l'organisation d'un espace pour les bâtiments étatiques.

Un grand nombre des projets de Forestier n'ont pas été réalisés pour des raisons économiques et politiques, évaluer ses apports ou ses limitations est un travail ardu des urbanistes. Cependant, dans le Centre Historique nous pouvons apprécier le legs de l'architecte paysagiste français sur le sol de la Place de la Cathédrale, inspiré du dessin réalisé par Miguel Angel pour celui de la Place du Capitole à Rome, le tracé des jardins du Capitole National, l'Avenue du Port avec ses promenades piétonnières, des éléments caractéristiques et universels de notre ville.


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