L’évêque Morell de Santa Cruz


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On dit que l'évêque Pedro Agustín Morell de Santa Cruz y Lora, avait une prédilection pour l'histoire et les vers. C'est pour cette raison que le fameux Espejo de paciencia, de Silvestre de Balboa, a été conservé durant des siècles grâce à ses travaux de sauvetage et de transcription. On le considère comme le premier poème « cubain » car l’œuvre est très méritoire.

L’évêque Morell de Santa Cruz est l'un des premiers chroniqueurs de notre pays. Né en 1694 à Santiago de los Caballeros, dans l'île de Saint-Domingue, il s’est établi dans notre pays et il a écrit au long de sa vie Historia de la isla y Catedral de Cuba (Histoire de l'île et de la Cathédrale de Cuba) qui, même si cet ouvrage est considéré par certains comme « incomplète et imparfait dans son plan et son développement », on ne peut pas ignorer que ce manuscrit a été très consulté durant près de cent ans. 

Finalement l’écrit a été publié par l'Académie d’Histoire en 1929. Il y a beaucoup à dire en sa faveur, écrit « en prose propre et agréable, c’est une source historique utile », affirment certains de ses spécialistes.

L'histoire de l'île et de la Cathédrale de Cuba, de l'évêque Morell de Santa Cruz, est la première œuvre historique qui nous soit parvenue et cela lui donne un mérite suffisant, malgré ses limites.

Parmi d'autres de ses écrits se trouvent Relación histórica de los primitivos obispos y gobernadores (Relation historique des premiers évêques et gouverneurs), qui arrive jusqu'en 1747, et une lettre pastorale à propos d'un tremblement de terre à Santiago de Cuba. Morell de Santa Cruz n'était pas seulement l'un de nos premiers historiens, il a réalisé de nombreuses et variées actions au cours de sa vie, qui lui ont donné une renommée parmi ses contemporains. Entre elles on compte notamment son attitude pour intercéder auprès du roi Felipe Quinto d’Espagne en faveur des mineurs d’El Cobre, qui s’étaient rebellés en 1754 contre les autorités dans la zone orientale du pays, près d'où de trouve aujourd'hui le sanctuaire de la Sainte Patronne de Cuba. D’autres sources affirment que ce fait a eu lieu en 1731, une période durant laquelle Morell se trouvait dans cette région en qualité de Gouverneur ecclésiastique suppléant. En fin de compte, quelle que soit la date réelle de ces événements, la vérité est que grâce à sa médiation il a été capable de pacifier la révolte « avec ses paroles persuasives » et éviter un fleuve de sang, en plus de veiller qu'il n’y aurait pas des représailles contre les travailleurs.

On dit aussi que la célèbre rue Obispo (Évêque) dans la Vieille Havane a pris ce nom parce que l'évêque Morell de Santa Cruz a vécu longtemps dans une maison située dans cette rue.

La vérité est que parmi les nombreux prélats qui ont officié à La Havane, son nom est inscrit parmi les plus illustres, à côté des non moins célèbres évêques Diego Avelino de Compostela, Juan Lazo de la Vega y Caron et Gerónimo Valdés. En célébrité et en œuvre, seul Juan José Díaz de Espada y Landa lui dispute la renommée.

L’évêque Morell de Santa Cruz a été le premier dignitaire qui a fixé sa résidence dans la ville de La Havane, avec l'approbation et l'autorisation de sa Majesté. Il a aussi le mérite d’avoir été le premier à proposer au roi – en avril 1759 – la construction d’une Université à Santiago de Cuba.

On s’est rappelé très longtemps sa querelle exalté et populaire avec le Lord anglais Sir George Keppel, troisième Conte d'Albemarle et Commandant en Chef des forces britanniques lors de l'occupation de La Havane. Les circonstances du heurt entre les deux personnalités témoignent de certains traits de son caractère, parfois conciliant, parfois intransigeant, avec une tendance à l'imprévisible et aux jugements dévastateurs.

Il est significatif que le 7 mars 1767 – à l’âge de 73 ans – Morell de Santa Cruz a obtenu son doctorat en Droit Canonique dans l'Université de La Havane. On assure qu'il travaillait sans relâche, mais se sentant de plus en plus malade, il a demandé au roi d'Espagne de lui nommer un évêque auxiliaire. Toutefois, pour de nombreuses raisons, il a continué à exercer son ministère jusqu'au 30 décembre 1768, la date de son décès dans cette Havane où il a atteint la célébrité.

On compte un fait curieux et peu connu de l'évêque Morell de Santa Cruz, qui a beaucoup à voir avec le développement économique de l'île. C’est lui qui a introduit l’élevage des abeilles de Castille à Cuba, avec des ruches apportées de Floride. L’événement a eu un tel succès que l’élevage des abeilles a permis la production de la cire et Cuba a augmenté la liste des produits qui constituaient le fondement de son économie pendant de longues années.


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