Au début 1806 deux corsaires ont surpris et pillé la cité portuaire de Batabanó, au Sud de La Havane.
Le 23 août de cette même année, presque en vu du Morro, deux frégates britanniques ont attaqué le navire espagnol Pomorra qui, poursuivi, s’est échoué à Cojimar, avant d’amener le drapeau après un rude combat.
Le 27 juillet 1807 la ville de Baracoa a été attaquée par une escadre anglaise provenant des Bahamas. Ils ont canonné les forts et les soldats britanniques ont débarqués sur la plage de la Miel. Une troupe improvisée à Baracoa, composée de miliciens et de 80 réfugiés français volontaires, a surpris les Anglais et les a obligé à se retirer.
La guerre a servi aux Britanniques pour s’approprier des Caraïbes. Ils ont occupé Curaçao, les Antilles Danoises, la Martinique et la Guyane. Ils se sont préparés pour se lancer sur Cuba, bien que cela pouvait provoquer un sérieux conflit avec les Etats-Unis qui ambitionnaient de s’étendre en Floride et à Cuba. Le 20 janvier 1808 le capitaine général Someruelos a reçu un officier du Ministre de la Guerre l’informant que la Grande-Bretagne se préparait à attaquer La Havane et réunissait avec cette fin une grande escadre pour convoyer les bateaux qui amèneraient une armée de 20 000 hommes dans ces mers.
Quand l'anxiété des dirigeants hispaniques de la colonie de Cuba était à son comble, le nouvel Intendant de Finances, don Juan de Aguilar les a informé à son arrivée à La Havane – le 17 juillet 1808 – du soulèvement du peuple espagnol contre l'invasion française et, par conséquent, le changement de corrélation de forces internationales. L'Angleterre se convertissait en alliée de l'Espagne et la France bonapartiste en ennemi.
Le 26 novembre de cette année, le brigadier Kindelán, gouverneur de Santiago de Cuba, informait le capitaine général Someruelos du soulèvement de Saint-Domingue, et que le brigadier Juan Sánchez Ramirez occupait le gouvernement de cette colonie au nom du roi d’Espagne.
L'invasion française en Espagne et le début des luttes pour la libération nationale des colonies hispano-américaines a diminué la pression nord-américaine sur les Caraïbes durant un certain temps. Les visites intrigantes des envoyés des Etats-Unis étaient moins fréquentes. Cependant, la diplomatie nord-américaine a entamé des négociations avec Bonaparte afin que celui-ci accepte que Cuba soit incorporée aux Etats-Unis en échange qu’ils n’offriraient pas d’aides aux rebelles du Mexique et du Venezuela.
Inspirés par la politique expansionniste de Jefferson, renforcés par le succès de l'incorporation de La Louisiane, les dirigeants nord-américains se sont lancés sur l'île de Cuba en employant toutes les ressources et les stratagèmes sans scrupules qui ont marqué leur insatiable voracité de terres, en créant une situation semblable à ce qui a été appelé la « guerre froide » envers le gouvernement colonial.
Non seulement la pratique constante de la contrebande et l’illégale traite des Noirs, dans de nombreux cas réalisée avec la complicité des autorités coloniales, et dans tous, associés aux commerçants et aux riches espagnols et créoles, donnaient lieu à de multiples incidents entre le Gouvernement Colonial et les Nord-américains – aggravés par les corsaires qui infestaient ces mers et vendaient publiquement le produit de leurs pillages (stockés dans l'île danoise de Saint Thomas) dans les ports des États-Unis – mais les provoquaient intentionnellement dans leur persistance de s’approprier de la Floride de toute façon. La situation s’est aggravée d’une telle manière que l’on est arrivée à craindre une agression directe des Etats-Unis contre l'Île de Cuba.
Un des aspects de la situation conflictuelle venait du problème des consuls nord-américains à Cuba. La nomination de Henry Hill, du Connecticut, quand l'Espagne était encore opposée à admettre les consuls nord-américains, a été une question de stratégie de la part de Jefferson, car, en réalité, Hill avait la mission d'un agent secret chargé de faire des recherches et de reporter la véritable situation et l’importance des forces de l'Espagne en Floride et à Cuba. Henry Hill est arrivé à La Havane après que son prédécesseur, Vincent Gray – comme cela s'était déjà produit avec les consuls Oliver Pollack et Josiah Blakely – avait été emprisonné par les autorités espagnoles, qui avaient même confisqué ses papiers officiels.
Le capitaine général, Someruelos, l'a obligé à s'embarquer et à abandonner l'île. Quand Hill a dû abandonner la charge entre les mains de son secrétaire John L. Ramage, le consul Blakely, à Santiago de Cuba, a dû s'enfuir de l'île.
Sans abandonner totalement l'idée d'établir des agences consulaires, les Etats-Unis se sont dédiés à envoyer des agents spéciaux, non seulement à Cuba, mais aussi dans d’autres îles des Caraïbes.
Le fameux général James Wilkinson a commencé la nouvelle étape en visitant Cuba en 1809. De son court séjour à La Havane et en conversant avec le capitaine général Someruelos, il a dit qu’il venait pour exprimer sa solidarité avec le Gouvernement Colonial de Cuba en cas d'agression par la France ou l'Angleterre. Someruelos, connaissant les vices de cet individu qui a toujours été disposé à trahir ses amis et sa propre patrie pour de l’argent, a rejeté toutes ses propositions.
Ensuite, William Shaler est venu à Cuba. Son séjour à La Havane a coïncidé avec les conspirations d'origine maçonnique et les tentatives de Joaquin Infante, de Ramón de la Luz et de Luis F. Basave – ce dernier lié à certains groupes de mulâtres et de noirs libres – visant à liquider le régime espagnol à Cuba.
Comme les conditions historiques étaient favorables à ses plans, Shaler s’est mis en contact avec certains riches propriétaires cubains, des créoles blancs, dont les intérêts économiques étaient liés aux nord-américains et il est parvenu à les convaincre de la possibilité d'obtenir l'indépendance avec l'aide des Etats-Unis. Ces créoles, dont les richesses dépendaient de l'esclavage, alarmés par les courants abolitionnistes de la Cour de Cadix, ont convenu à Shaler, par le biais d'un représentant dûment accrédité, leurs désirs d'arriver à un accord pour l'annexion de l'île de Cuba aux Etats-Unis. Mais, les traités secrets de Shaler étant découverts, Someruelos l'a expulsé de Cuba.
De 1812 à 1827, d'autres agents étaient envoyés sous les plus divers prétextes dans différentes îles caribéennes. James Gillespie, en mai 1812, a été chargé de gérer avec le président Pétion, d’Haïti, un arrangement satisfaisant pour les problèmes surgis avec les corsaires nord-américains qui prétendaient s’approvisionner dans les ports qui appartenaient à la partie républicaine de l'île et qui sollicitaient aussi des franchises douanières pour les navires marchands. Une mission que le Département d'État a ensuite confiée à William Taylor. Les bureaux de celui-ci depuis Port-au-Prince – 17 novembre 1813 au 7 décembre 1814 – semblent indiquer que Pétion a accédé aux demandes nord-américaines.
Le 7 février 1818, Taylor a été chargé de présenter une fantastique série de réclamations à Henri Christophe, roi d’Haïti, en exigeant la satisfaction immédiate de ses réclamations. Taylor a dû retourner aux Etats-Unis le 27 mai car Christophe a refusé de le recevoir et il n'a pas permis qu'il présente les demandes aux bureaux du Ministère des Affaires Étrangères.
Taylor n’a pas été le seul agent spécial nord-américain envoyé à Christophe. Il avait été précédé par Jacob Lewis – chargé de surveiller les prétendus droits commerciaux des citoyens nord-américains dans ce qu'ils appelaient Spanish Main – qui, en mission à Cap-Haïtien, en 1816, a obtenu de Christophe l'ordre de libérer un tel Duplessis. En 1817 Septimus Tyler a été chargé d’une gestion semblable.
Récupérer les esclaves que les Anglais avaient capturés pendant la guerre anglo-nord-américaine et les emmener dans les îles caribéennes britanniques était une véritable préoccupation pour le Département d'État de Washington. En avril 1815, le général de l'armée nord-américaine Thomas Pickney a été désigné pour faire des recherches aux Bermudes, en employant les agents nécessaires, afin de déterminer le nombre d'esclaves vendus par les Britanniques qui les avaient capturés sur le territoire des Etats-Unis et que les propriétaires voulaient récupérer. Thomas Spalding a travaillé comme aide du général Pickney avec de mêmes instructions, et l’agent spécial Augustus Neale a même été jusqu'à Halifax, au Canada, à la recherche d'esclaves nord-américains qui ont été apporté dans cette ville depuis les colonies britanniques des Caraïbes.
Les Nord-américains ont commencé à provoquer des incidents dans toutes les Caraïbes. Le consul général des Etats-Unis à Saint-Thomas, R.M. Harrison, s’est converti en un cauchemar pour les autorités coloniales danoises des Iles Vierges, devenues un centre de contrebande et de piraterie dans toutes les Caraïbes, et dont les lois méconnaissaient les Nord-américains dédiés à ces activités. Pour obtenir les avantages commerciaux dont ils avaient besoin pour vaincre la concurrence de leurs rivaux anglais, William W. Campbell a été chargé – le 29 juin 1818 – de partir en mission spéciale à Copenhague afin d’obtenir des concessions du gouvernement du Danemark dans les Îles Vierges, dont ils prétendaient dépouiller la possession aux Danois.
Le 27 février 1821, Edward Wyer s'est présenté à Cap-Haïtien avec une lettre de réclamations demandant le paiement d'indemnisations pour des préjudices imaginaires causés à certains citoyens nord-américains, une telle mission continuée en 1824 par Jabez Boothroyd.
Mais il n’y avait pas que le Département d'État qui envoyait des agents dans les Caraïbes, le Secrétariat de la Marine le faisait aussi, intervenant parfois, comme en 1823, jusqu'au Comité des Affaires Étrangères du Congrès et auprès du Procureur Général. Ce fut le cas de Thomas Randall, agent spécial de Cuba et de Porto Rico, avec les instructions de faire une profonde recherche sur les agressions des navires nord-américains de la part des pirates qui avaient leurs bases dans les deux îles et qui, dans le fonds, n'était rien d’autre qu’un exhaustif travail d'espionnage en accord avec les plans de s’approprier des colonies espagnoles enviées, ce qui faciliterait le contrôle politique et économique des Caraïbes aux Etats-Unis.
Publié dans la revue Anales del Caribe de la Casa de las Américas
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