Les origines du village de Bayamo et son nom Arawak se perdent dans les légendes et les mythes très antiques. En 1511, les premiers Espagnols arrivent et trouvent une communauté aborigène organisée de plus de sept mille personnes se dédiant principalement à l'agriculture et à la céramique. La ville de Bayamo a été fondée le 5 novembre 1513.
Bayamo a été le centre de certains des événements les plus importants de notre histoire, il est donc nécessaire de célébrer l'anniversaire avec la magnificence que mérite cette ville où un gouvernement cubain indépendant a été institué pour la première fois.
Lors de la première décennie du XVIIe siècle, le commerce de contrebande, qui introduit des produits non fournis par la métropole, sera la cause de deux événements historiques profondément significatifs.
En 1603, la capture de Fray Juan de la Altamirano Cabezas par le pirate Gilberto Girón et la lutte des Bayamais pour sa libération est le thème central de ce qui est considéré comme la première œuvre littéraire cubaine : le poème épique Espejo de Paciencia, de Silvestre de Balboa.
En décembre de cette année, le Capitaine Général Pedro Valdés détache Melchor Suárez de Poago à Bayamo qui dirige et détermine vers La Havane le transfert de membres de l'oligarchie associés à la contrebande. Pour empêcher le transfert, les Bayamais coupent les voies de communication terrestres et fluviale : ils exigent à la Couronne que les accusés soient jugés dans la ville. Finalement le procès litigieux n’a pas lieu et les autorités se retirent. Ce fait, d’une ostensible dimension symbolique, tend à situer la naissance de la nationalité cubaine.
Ces deux faits importants ne seront pas les seuls. En 1795, inspiré par les idées de l’Illustration, le pardo (mulâtre) Nicolas Morales, propriétaire d'une petite ferme, élabore et impulse un projet révolutionnaire indépendantiste. En 1810, Joaquín Infante rédige une Constitution pour l'île.
Dans la première moitié du XIXe siècle, parallèlement au processus militaro-politique qui conduirait à l'indépendance de la nation cubaine, certaines notables personnalités de la culture de Bayamo contribuent à renforcer les sentiments patriotiques en participant aux transformations esthétiques et thématiques qui ont lieu dans la littérature de cette période. Il s'agit de Juan Clemente Zenea, un éminent représentant de la seconde génération des romantiques, qui restaure le « bon goût » dans la poésie de l'île. José Fornaris, fondateur du Sibonéismo, tente de sauvegarder le legs aborigène pour la culture cubaine à travers la poésie. En 1851 Francisco Castillo Moreno, avec Fornaris et Carlos Manuel de Céspedes, composent La Bayamesa, considérée comme la première chanson cubaine.
Des centaines de Bayamais sont expatriés par les autorités espagnoles lors de la prouesse indépendantiste. Certains cherchent à améliorer leurs conditions et parviennent à se souligner comme organisateurs politiques et culturels. Un exemple est Manuel del Socorro Rodriguez, qui réalise une intense activité comme promoteur de la culture en Colombie, fondant des journaux et des institutions, pour lequel il sera reconnu comme le Père du Journalisme dans ce pays. Manuel Cedeño s'installe au Venezuela et lutte aux côtés de Bolívar lors de la guerre de l'émancipation de l'Amérique du Sud, atteignant le grade de général de division. Au Guatemala, José Joaquín Palma écrit les paroles de l'Hymne National de ce pays. José María Izaguirre fonde et dirige l’École Normale du Guatemala.
Le 10 octobre 1868, dans la plantation La Demajagua, Carlos Manuel de Céspedes y del Castillo proclame l'indépendance et donne la liberté à ses esclaves, initiant ainsi la Révolution Cubaine. Le 20 octobre 1868, Bayamo tombe aux mains des indépendantistes et la ville est déclarée capitale provisoire de la Révolution. Sur la Plaza de la Parroquial Mayor, Figueredo présente aux Bayamais la marche composée quelques mois plus tôt, qui deviendra l’Hymne National de Cuba.
Le 12 janvier 1869, 82 jours après la prise de pouvoir des indépendantiste et devant l'arrivée imminente des troupes espagnoles, Bayamo est incendiée par ses habitants, ils préfèrent détruire la ville et se déplacer dans la campagne plutôt que de vivre sous le joug espagnol. Le fait devient un symbole de la détermination de tous les Cubains pour conquérir leur liberté.
Cette présence fructueuse du Bayamais dans le Cubain a été une source d'inspiration pour beaucoup. José Martí a déclaré qu'il devait son âme intrépide et naturelle à Bayamo. Sindo Garay a chanté la femme bayamaise. Dans Así es Bayamo, Barbarito Diez exalte les habitants en mettant en évidence leurs apports à la nation cubaine. En octobre 1868, les actions pour la prise de la ville commencent. Le peuple descend dans les rues pour appuyer les troupes de Céspedes. Mis à part la distance, et les circonstances, les Bayamais du XXIe siècle ont la même présence dans la célébration du 500e anniversaire de la fondation de Bayamo. C'est la meilleure façon de rendre hommage à ceux qui ont tout sacrifié pour l'amour de la patrie. Qui sait, les générations futures verront peut-être dans ce jour – comme nous le faisons avec nos prédécesseurs - la passion que nous avons investi pour offrir comme legs, en surmontant n’importe quel obstacle matériel, une ville encore plus merveilleuse.
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