Le sucre a tracé la route de Colomb vers l’Amérique


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Vous saviez certainement déjà que Christophe Colomb a apporté la canne à sucre en Amérique, mais vous vous étonnerez peut-être d’entendre dire que c’est le sucre qui a rendu possible le voyage de l’Amiral vers cette partie du monde.

Une recherche historique faite par l’Ingénieur Arodis Caballero Núñez, directeur général de l’Institut Cubain de la Recherche sur les Dérivés de la Canne à Sucre, (Icidca), a révélé que le beau-père de Colomb produisait du sucre dans les îles Madeira.

Le futur Grand Amiral de la Mer Océanique commandait alors un bateau dans lequel il transportait du sucre, et au cours d’un voyage en Angleterre, on a chargé son bateau de marchandises pour l’Islande.

C’est là qu’il a connu les voyages des Vikings et confirmé que la planète est ronde et que l’on peut trouver d’autres terres en naviguant vers l’ouest.

Depuis lors, il n’a jamais renoncé à l’idée d’accomplir la prouesse qui l’a amené en Amérique.

Lors de son quatrième et dernier voyage, qu’il a fait entre 1502 et 1504, Colomb a introduit la canne à sucre dans l’Île de l’Hispaniola où se trouvent actuellement Haïti et la République Dominicaine et qui est vite devenue la plus grande productrice de sucre du monde.

C’est Cuba qui a assumé ce leadership à la fin du XVIIIe siècle, lorsque la Révolution d’Haïti a fait fuir les producteurs vers la plus grande des Antilles où ils ont donné un grand élan à cette industrie.

Ces événements ont donné au sucre le rôle qu’il a joué et qu’il joue encore dans l’économie et la nationalité cubaines.

Le Docteur Miguel Barnet Lanza, insigne poète, narrateur, essayiste et ethnologue affirme que « l’on ne peut pas parler du sucre sans parler de la culture ; ils sont indissolublement liés ».

« C’est dans le système intensif de plantation qu’est né tout ce qui est important dans les racines de la culture populaire cubaine, autour de la cheminée, de la cloche de la sucrerie, du baraquement à esclaves... «

Barnert précise que les grandes vagues d’esclaves provenant du golfe de Guinée, surtout du sud-ouest du Nigéria, ont apporté la culture Lucumi ou Yoruba, comme l’appellent maintenant plusieurs anthropologues, ce qui a donné naissance à beaucoup de traditions avec lesquelles nous cohabitons et qui ont façonné ce que l’on appelle santeria ou Regla de l’Ocha (1).

« Mais avant –complète l’insigne ethnologue- les cultures bantoues, des rives du fleuve Congo, avaient commencé à arriver depuis le XVIIe siècle et, bien sûr, elles ont continué à arriver jusqu’au XIXe siècle, ce qui veut dire que tout ce qu’il y a d’important dans la spiritualité, dans l’imaginaire cubaine surgit à partir du développement de la principale industrie de notre pays : l’industrie sucrière.

Maintenant que notre pays a commencé une nouvelle récolte de canne à sucre dont les résultats productifs et économiques sont la garantie de la consommation interne et de l’exportation de sucre et de ses dérivés, il convient de rappeler que la nationalité cubaine est aussi le fruit de cette industrie.

 

Notes

(1) La Santería (Lukumi, La Regla Lucumi ou regla de Ocha) est une religion originaire des Caraïbes dérivée du Yoruba (interdit aux esclaves) et pratiquée à Cuba, en Colombie et au Venezuela. La religion Yoruba est dominée par un Dieu suprême Olodumare (ou Olafin ou Olorun ou Olorian), source de l’ashé – l’énergie spirituelle de l’Univers – qui a envoyé sur Terre des émissaires, demi-dieux humains, appelés Orishás qui sont la personnification de la Nature. Les Orishás, en outre, veillent pour que chaque mortel accomplisse le destin qui lui a été destiné à sa naissance. Ceux qui ne l’accomplissent pas suivent le cycle des réincarnations successives. Cette croyance est semblable à celle de l’hindouisme et du bouddhisme. Le « Bembe » est la musique qui célèbre les Orishas.

 

(2) On nomme Bantous (« humains » en kikongo) les locuteurs des langues bantoues qui regroupe environ quatre cent cinquante langues sur le continent africain. Ils sont répartis du Cameroun aux Comores et du Soudan à l’Afrique du Sud.

Traduit par: Reynaldo Henquen Quirch


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