Les peuples accouchent d’hommes exceptionnels dans lesquels ils parviennent à donner libre cours à leur sensibilité, leur conscience et leur dignité. Juan Marinello Vidaurreta est un de ces hommes, qui, pour tout cela ou pour bien d’autres choses encore, a transcendé dans le temps.
Professeur de la culture cubaine, cette signification générique n’inclut pas seulement le poète et l’intellectuel et le professeur humble et profond, mais surtout le guide dont la vie et l’œuvre constituent un exemple de conduite humaine et sociale et de service inépuisable aux intérêts et aux aspirations de son peuple.
Marinello a fait sien sans réserves le mandat de la classe ouvrière. Il a été clairvoyant dans toutes les activités de la pensée humaine, mais cela ne lui a jamais fait perdre de vue le rôle recteur de la classe ouvrière dans les destinées de la société. Depuis son plus jeune âge la douleur des travailleurs a été sa douleur. Et on ne l’a jamais écouté demander des privilèges pour s’unir à une classe qui ne soit pas la sienne. La seule chose qu’il a toujours demandée c’est être de plus en plus utile.
Au sein du Parti Communiste il a été un militant dévoué, il n’a rejeté aucune mission. Quand. Durant la lutte contre le dictateur Gerardo Machado on lui a assigné la tâche de peindre des mots d’ordre révolutionnaires sur les murs des rues havanaises, il s’en est acquitté comme un simple révolutionnaire.
Nombreux l’appelaient professeur Marinello ! ou simplement professeur. Les plus proches de son entourage se référaient avec un grand respect à Juan, le camarade qui partageait la lutte avec eux.
Sa vie a été une belle page révolutionnaire en tant que communiste dévoué, professeur au travail impeccable, essayiste de haut niveau et défenseur des travailleurs dans les pires moments. Il faut mettre l’accent, dans sa vie révolutionnaire, sur son affrontement à Machado, sur sa présence dans la guerre civile espagnole, sur son soutien aux revendications indépendantistes de Porto Rico et à la lutte pour la paix, jusqu’à accumuler une longue et belle biographie qui s’est seulement arrêtée avec son décès le 27 mars 1977.
Ses collègues les plus proches rappellent que sa maison ressemblait à une galerie d’art et à une bibliothèque d’œuvres choisies. Quand il parlait de son enfance et de la centrale sucrière de son père, où s’étaient déroulées ses premières années, il signalait que c’est là qu’il a pu voir nettement le contraste violent de la fortune et de l’abandon, penchant son cœur du côté des humbles.
Exemple de véritable intellectuel, il a laissé de grands enseignements dans son œuvre écrite. Lui, comme Rubén Martínez Villena, était un grand poète à forte vocation révolutionnaire. Il a été un camarade d’idéaux dans l’aspiration de José Martí de « conquérir toute la justice » et il a gardé intact dans son esprit l’exemple de Julio Antonio Mella, ce leader indiscutable. Il a dit de lui :
« Il m’a été donné de voir Julio Antonio dans l’assemblée houleuse et dans le meeting combattant, dans l’avertissement qui oriente et dans la réplique foudroyante. J’ai été l’avocat de Martínez Villena, devant les tribunaux serviles de l’époque. Ce qui m’a permis de me rapprocher de son intégrité et de son génie. J’ai été à son chevet durant les journées angoissantes et pleines d’espoir de la grève de la faim et il m’a été donné, avec un groupe de révolutionnaires mexicains et cubains, d’apporter ses cendres depuis la ville où il a été assassiné par l’impérialisme et ses complices, jusqu’à La Havane.
Et plus encore : Marinello a été présent à Mexico durant l’exhumation et la crémation des restes de ce remarquable leader continental, au meeting gigantesque à La Havane, le 29 septembre 1933 au cours duquel ses cendres allaient être déposées dans un petit promontoire au Parc de la Fraternité et que la police a fait avorter , à l’opération qui a permis, qu’aux côtés de Ramón Nicolás et Antonio Barreras, que Marinello lui-même les cache pendant plus de 30 ans jusqu’à ce qu’après le triomphe de la Révolution il les remette au Commandant Raúl Castro Ruz.
Parce qu’il était professeur, ami, frère et camarade de journées de lutte tout au long de plusieurs décennies, son exemple vivra éternellement pour les générations présentes et futures de Cubains.
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