En mémoire de Carlos Manuel de Céspedes


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Photo: Endrys Correa Vaillant

Même les pierres ont dû « trembler de douleur » après ce tir à bout portant qui priva un pays tout entier de ce combattant, qui fut appelé « père de la Patrie », celui du sacrifice et du dévouement sans pareil, de l’enthousiasme et de l'audace, celui du premier sceau de l’indépendance... le Père de tous les Cubains.

Ce fut le 27 février 1874. Un jour funeste pour la Patrie. Au cœur de la Sierra Maestra, dans une zone inextricable, connue sous le nom de San Lorenzo, la terre fut couverte d'un rouge sacré. Carlos Manuel de Céspedes, l'initiateur, venait de mourir dans un combat inégal contre les Espagnols. Il n'avait que 55 ans.

La révolution en armes perdait alors le symbole moral d'une génération héroïque qui, sous sa direction, avait réussi à briser les silences face à des siècles de domination, pour aller conquérir au fil de la machette le droit irréfutable d'un peuple à être libre.

Cuba tout entière perdait l’un de ses fils essentiels, dont les leçons de patriotisme et d'humilité allaient l’immortaliser au-delà de son dernier tir contre l'ennemi.

Céspedes laissa également un héritage irrévocable à San Lorenzo, où son bref mais fructueux séjour fut une autre page glorieuse de son existence épique.

C’est dans ce lieu proche de la rivière Contramaestre que le patricien de Bayamo arriva après avoir été destitué par la Chambre des représentants de sa charge de président de la République en armes.

Privé de toute protection et accompagné seulement de son fils aîné, le Père de la Patrie eut pour dernière demeure une petite maison faite de feuilles de palmier avec un hamac pour lit et un ruisseau pour faire sa toilette. Il se déplaçait avec des chaussures cousues avec des fils de fer, appuyé sur une branche pour pouvoir marcher et, bien que presque aveugle, il apprit à à lire et à écrire à deux enfants.

Il eut une relation amoureuse avec une jeune femme (qui lui donna un fils qu'il n'a jamais connu), joua aux échecs et reçut l'affection des paysans locaux, qui l'appelaient respectueusement le « vieux président ».

Cependant, la plus grande préoccupation de l'homme du 10 Octobre 1868 (jour où il libéra ses esclaves et initia la guerre d’indépendance) sera toujours pour son île bien-aimée. Il n'est donc pas surprenant que, comme un signe avant-coureur de son destin, il ait écrit dans son journal quelques jours avant sa mort : « je souhaite que ma dépouille repose à côté de celle de mes parents, sur cette terre bien-aimée de Cuba, après avoir servi ma patrie jusqu'au dernier jour de ma vie. »
 


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