La nouvelle cinémathèque


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Le président Miguel Diaz-Canel a inauguré cette semaine le nouveau siège de la Cinémathèque cubaine. Photo: Studios Revolution

Ce 20 octobre, j'ai assisté à une rencontre intime. La pluie a empêché la maison d'Alfredo Guevara, le nouveau siège de la Cinémathèque de Cuba, ne soit envahie par la curiosité et l'amour. Seules quelques personnes, venant d’une autre époque, des années fondatrices, étaient présentes. Quelques instants plus tard, grâce aux images présentées et à sa mémoire, Manolo Pérez nous a révélé l’origine de la Cinémathèque. Des définitions conceptuelles tout à fait d’actualité. Des relations tendues et dramatiques entre culture et politique, entre contexte et mémoire. Ce n'était pas n'importe quel souvenir, c'était un appel à revoir le présent à partir de ce passé qu’un groupe de rêveurs avaient tissé.

Dès la naissance de l'Icaic, Alfredo a expliqué sans ambiguïté ni neutralité : « Il n'y a pas d'organisme d'État qui puisse créer une cinématographie, mais il peut aider à son émergence, à offrir un climat spirituel approprié, une atmosphère de création et de respect qui la favorise ». Et Manolo Pérez a insisté sur cette idée et aussi sur le fait que le cinéma est un art.

J'ai eu l'occasion d'interroger Alfredo sur ces questions. Il m'a proposé de chercher ce qu’il avait dit dans le journal Révolucion de ces années-là : « Bien sûr, on ne peut pas tout laisser au hasard. Une fois les conditions créées, il faut que les questions de principe de tous ordres soient soulevées, qu'elles soient analysées et étudiées, et que nous tentions de trouver une base idéologique commune comme celle dont nous disposons avec la Révolution. Cette base idéologique ne peut pas dresser des obstacles, mais elle doit libérer les moyens d'expression, les instruments du travail de l'artiste. Il convient peut-être de clarifier le concept : nous n'avons pas l'intention, que cela soit bien clair, d'établir des dogmes, et nous ne sommes pas non plus personnellement prêts à les respecter, mais nous ne pouvons pas approcher la réalité, ni trouver sa poésie sans sérieux et cohérence.

« Si notre cinéma est cohérent, s'il aborde la réalité et s’inscrit dans la vérité avec fraîcheur et sincérité, s'il l'exprime avec passion et poésie, et si, avec toutes ses ressources, il essaie d'être efficace en tant qu'instrument ou support artistique, il n'y aura aucune raison pour un conflit avec la rhétorique. Cela dépendra toutefois de notre capacité à créer de véritables artistes, parfaitement formés. Mais pour être honnête, si jamais nous échouons, il sera toujours préférable que l'erreur se produise pour cette raison plutôt que pour avoir adopté des attitudes cyniques ou décadentes. Dans cette atmosphère de création et d'expérience, de sélection et de confrontation, les talents individuels et les solutions dont nous avons besoin émergeront sans aucun doute.

« La Révolution n'est pas étrangère à l'art. L'art n'échappe pas à ses convulsions. L'art existe pour les provoquer, tantôt dans la conscience, tantôt dans la société. Le cinéma est soumis à ce principe. »

Au milieu de grands affrontements internes, assiégés avec insistance par les États-Unis, Alfredo trouva un complice et un fidèle allié en Fidel, qui encouragea et soutint la « commande » de l'Icaic.

Manolito a réservé surprise et émotion pour la séquence finale. Lieu : Université de La Havane. Fin de la remise du diplôme honoris causa à Alfredo. Fidel occupe le centre de la scène et évoque son amitié avec lui, en disant qu'il l'a rencontré à l'université et n'a jamais cessé d'être à ses côtés. Il a l'air ému et déclare que, bien qu'il l'ait entendu parler à maintes reprises, ce jour-là, il l’a beaucoup ému. Quelques instants auparavant, Alfredo a reconnu que sans la Révolution et sans l'inspiration de Fidel, rien de ce qu'il a fait et vécu n'aurait été possible.


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